Une personne meurt de la rage dans le monde toutes les 10 minutes. 70000 décès/an et une dizaine de cas d’importation en Europe, 150000 personnes traitées en post prophylaxie/an dans le monde.
En vrai, on risque plus de rencontrer la rage en faisant du tourisme en zone endémique que de contracter la typhoïde en Asie, Afrique et Amérique du sud. Et en France, où en est-on ?
Elle est régulièrement détectée chez les chauves-souris qui peuvent la transmettre par les gouttes de salive. La rage vulpine qui persiste en Europe de l’Est est mieux contrôlée grâce à un programme de vaccination orale des renards par épandage aérien d’appât. Alors, faut-il vacciner son chat contre la rage ?
Non, ce n’est pas utile si le chat reste en appartement sans aucun risque de rencontre avec un animal extérieur mais la question se pose s’il sort dans un jardin, et au-delà ou s’il vit en zone pavillonnaire.
Car nul n’est à l’abri qu’un voisin ne ramène frauduleusement un animal en incubation d’un pays où la rage est endémique. La menace de la réintroduction de la rage est constante et c’est ce qui s’est passé en octobre 2013 à Argenteuil (95) avec une chatonne rapportée de façon illégale du Maroc et en juin 2015 au Chambon-Feugerolles (Loire).
La rage est d’abord une maladie animale qui est mortelle une fois les symptômes apparus:
Tous les mammifères peuvent être contaminés par un lyssavirus présent dans la salive des animaux infectés.
Les réservoirs naturels de virus sont le chien, responsable de 98 % des cas de rage humaine, le renard roux, la chauve-souris en Europe, contaminant le chat et les herbivores domestiques.
La Guyane : officiellement indemne de rage canine. Cependant un décès humain en 2008 de rage desdomine (chauve souris) et le risque d’importation de rage canine de pays limitrophes et de République Dominicaine ont rendu obligatoire la vaccination antirabique des carnivores domestique.
La contamination de l'homme se fait par morsure, plus rarement par griffure et léchage, parfois par passage à travers une muqueuse (goutte de salive sur la cornée). Le virus se répand dans l'organisme via les nerfs, va se loger dans le cerveau et la moelle épinière et parvient aux glandes salivaires.
Un animal infecté peut ne montrer aucun symptôme de la maladie alors que le virus est déjà présent dans la salive le rendant contaminant quelques jours avant l'arrivée des symptômes.
L’incubation suffisamment longue de 3 semaines à 6 mois, parfois plus d’un an, permet une sérovaccination post-exposition qui protège de la maladie avant que le virus n’ait atteint le cerveau.
Prévention : La manipulation avec ses mains d’un animal inconnu ou de son animal qui a eu contact (bagarre) avec un animal suspect doit être avec des mains sans excoriations ou avec des gants. Le virus (si présent) devient inactif quelques heures après le décès ou s’il est déposé sur la fourrure. En zone endémique éviter les contacts avec les animaux sauvages et domestiques, même s’ils ne
semblent ni agressifs ou malades. Si suspicion diriger vers un centre antirabique.
En cas de morsure : De façon générale envoyer d’urgence chez un médecin car il y a des risques infectieux divers, hors rage. Nettoyer la plaie à l’eau et au savon, rincer abondamment, appliquer une solution antiseptique. Un médecin prescrira une antibiothérapie (amoxicilline, doxycycline) et évaluera une prévention antitétanique et antirabique en se référant à la catégorie d’exposition classée selon les normes OMS et selon le statut vaccinal de l’animal mordeur. Les risques sont plus élevés pour un enfant et pour des morsures de la face, des extrémités.
Mesure à prendre pour l’animal mordeur :
Mise sous surveillance sanitaire (vétérinaire ou domicile) de 15 jours de l’animal si on ne peut s’assurer qu’il est vacciné contre la rage ou qu’il n’a pas voyagé dans les mois précédents dans une zone endémique.
Ne pas enterrer ou jeter un animal mort de façon suspecte. Prévenir un vétérinaire ou un centre antirabique. Si l’analyse est négative les traitements post exposition seront stoppés. Dans le cas positif une alerte est lancée par les autorités compétentes. La maladie est à déclaration obligatoire.
Et pour nos chats ?
Leur vaccination régulière assure une protection indirecte de l'homme et évite une euthanasie de l’animal lors d’une alerte sanitaire, une attaque ou un retour non conforme en France. Elle n’est pas obligatoire en France mais le devient s’ils voyagent, à l’entrée ou la sortie du pays. La vaccination est possible à partir de 3 mois et effective un mois après.
Le règlement (UE n°576/2013) impose que l’animal soit identifié par transpondeur, vacciné et à jour contre la rage avec inscription sur un passeport. Pour la sortie vers un pays tiers à risque rabique plus élevé (Maroc…) il est demandé une vérification par un titrage des anticorps sanguins d’au moins 0,5 UI/ml effectué à partir de 30 jours après la primo-vaccination et d’au moins 3 mois avant le retour. La période de validité du vaccin définie dans l'AMM peut différer selon le pays, ex : Rabisin (Mérial) un
an en France, 3 ans en Belgique.
A tout bien réfléchi......
s’il y a un risque de sortie et de rencontre fortuite, pourquoi ne pas faire
vacciner contre la rage....et le faire chaque année. Les vétérinaires regrettent que le taux de vaccination ait fortement chuté depuis l’instauration du passeport payant pour y faire figurer la vaccination antirabique (avant sur le carnet de santé). La population canine et féline est donc moins protégée qu’auparavant.
Sur ce qui s’est passé à Argenteuil en 2013. Sur 286 maisons investiguées et 229 carnivores il a été décidé 30 euthanasies dont 5 animaux ayant eu des contacts avec le chaton, 8 estimés "contaminés" et 12 errants et mise sous surveillance de 57 animaux pendant 6 mois avec 4 visites chez le vétérinaire. Sur 37 personnes ayant eu un contact avéré avec le chaton enragé ou avec des animaux suspectés d’être contaminés: 9 ont eu une vaccination post exposition avec IMG (grade 3), 13 ont eu
en grade 2 sans IMG.
Les prélèvements post mortem ont tous été négatifs.